Tantôt célébrée, tantôt remise en cause, la croissance économique est au cœur des débats sur le développement et l’avenir de nos sociétés. Comment se définit-elle ? Qu’est-ce qui l’alimente ? Et surtout, est-elle encore soutenable dans un monde aux ressources limitées ? Décryptage d’un concept fondamental mais loin d’être aussi simple qu’il y paraît avec Carlos de Matos du Groupe Saint-Germain !
Une brève histoire de la croissance économique
La croissance économique désigne l’augmentation durable de la production de biens et de services, mesurée principalement par l’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB). Elle ne doit pas être confondue avec l’expansion économique, qui est une hausse temporaire de la production. Ce phénomène est en réalité assez récent dans l’histoire de l’humanité. Avant la révolution industrielle du XVIIIe siècle, les sociétés vivaient majoritairement de l’agriculture, avec des niveaux de vie qui évoluaient peu. Mais avec l’essor des industries et des innovations techniques, le taux de croissance économique s’est mis à dépasser celui de la démographie, enclenchant une véritable transformation des conditions de vie et des structures économiques.
Selon l’économiste Simon Kuznets, il y a véritablement croissance lorsque le revenu par habitant progresse, c’est-à-dire lorsque la production croît plus vite que la population.
Quels sont les facteurs qui stimulent la croissance économique ?
La croissance repose sur plusieurs leviers, au premier rang desquels la disponibilité et la flexibilité des facteurs de production, qui désigne les ressources mobilisées pour produire, notamment la main-d’œuvre et le capital. L’autre levier est la croissance démographique et l’augmentation de la main-d’œuvre qualifiée. A ce niveau, il faut savoir qu’une population plus nombreuse et mieux formée contribue directement à la production.
Citons également l’accumulation du capital technique (comme par exemple les investissements dans les machines, les technologies et les infrastructures qui augmentent la capacité de production), ou encore le progrès technique et les innovations, qui permettent de produire plus et mieux, en réduisant les coûts et en créant de nouveaux marchés. Enfin, signalons la qualité de la gouvernance : stabilité politique, cadre réglementaire favorable, infrastructures de recherche… autant de facteurs déterminants pour un climat économique sain.
Par ailleurs, lorsque la croissance repose sur l’augmentation du volume des facteurs de production, elle est dite extensive. Si elle découle d’une meilleure utilisation de ces facteurs (amélioration de la productivité), elle est intensive. Fait marquant : plus un pays atteint un haut niveau de richesse, plus sa croissance a tendance à ralentir.
Quelles sont les grandes théories économiques sur
la croissance ?
Les théories traditionnelles, incarnées notamment par Joseph Schumpeter et Robert Solow, mettent en avant l’importance de la population et du progrès technique comme moteurs de la croissance. Le progrès y est considéré comme exogène, c’est-à-dire extérieur au système économique et non expliqué.
Les nouvelles théories de la croissance, développées par Paul Romer et Robert Lucas, introduisent une approche différente. Pour ces économistes, le progrès technique est endogène, ce qui veut dire qu’il résulte des décisions d’investissement des agents économiques, notamment dans l’éducation, la recherche et le développement. Ces investissements créent des externalités positives qui favorisent l’innovation et renforcent la dynamique de croissance.