« Les actifs du groupe, les magasins et les équipes ne sont pas touchés », se réjouit Jean-Charles Naouri. Le futur ex-PDG de Casino a en effet de quoi être satisfait de l’accord sur la reprise du distributeur français, mais non sans une pointe d’amertume. Décryptage !
Un départ teinté de fierté et de soulagement
Jean-Charles Naouri ne cache pas son soulagement et sa fierté, à l’heure où il s’apprête à passer les rênes du distributeur Casino après le projet de reprise du duo Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière. Il faut rappeler que ces derniers mois ont vu le géant de la grande distribution naviguer dans des eaux tumultueuses, sa santé financière sur le fil du rasoir. « J’ai mis toute mon énergie pour que Casino, dont la situation financière était compromise il y a deux-trois mois, ne soit plus dans cette position », confie l’ex-PDG. Il se souvient de ces moments où l’avenir du groupe semblait vaciller, sur le point d’être « cassé en morceaux, après un bain de sang ». Mais M. Nouari a persévéré, porté par un désir sincère : que Casino demeure intact et qu’il continue à prospérer.
L’accord, dévoilé au public le 28 juillet dernier, est l’assurance pour le distributeur d’une renaissance orchestrée en partenariat avec des acteurs de taille tels que Daniel Kretinsky, actionnaire indirect du Monde, Marc Ladreit de Lacharrière, ainsi que le fonds Attestor. Pour M. Naouri, cette entente, plus qu’une manœuvre financière, est un gage solide, assurant l’intégrité des ressources du groupe, de ses équipes, jusqu’aux échelons les plus bas. Avec une note de contentement dans la voix, il confesse : « J’en suis satisfait, et je pense avoir fait mon devoir ».
Une montagne de dette
6,4 milliards d’euros, c’est la dette abyssale du groupe Casino, qui laisse toutefois entrevoir une lueur d’espoir avec les prémices de cet accord décisif, qui attend encore d’être finalisé. Fondateur et pilier du groupe, Jean-Charles Naouri évoque « des discussions intenses avec les créanciers ». Bien que le projet de reprise ne soit pas encore concrétisé, le futur ex-PDG du groupe Casino révèle « que la mission est en grande partie accomplie ». Notez toutefois qu’à travers la société mère Rallye, en pleine médiation avec ses créanciers, Jean-Charles Naouri verra son influence se réduire à une mince part de 0,15 %.
Il est utile ici de noter que ce projet de reprise a connu de multiples rebondissements. Kretinsky de nationalité tchèque et le milliardaire ardéchois Ladreit de Lacharrière, ces deux figures emblématiques du monde des affaires, étaient seuls en course mi-juillet. Leur concurrence, incarnée par le trio Niel, Pigasse (par ailleurs actionnaires du Monde à titre individuel) et Zouari, s’est éclipsée, abandonnant leurs ambitions. A ce jeu de chaises musicales économiques, Naouri voit un avantage certain : la présence initiale de deux offres a insufflé une dynamique concurrentielle, assurant ainsi une proposition finale. Et malgré les turbulences, sa foi en Casino reste inébranlable. Pour lui, « Casino reste l’un des plus beaux groupes de distribution en France ».